Accompagner les hauts potentiels

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L’enfant précoce et ses relations sociales

Une proportion non négligeable d’enfants HPI rencontre des difficultés relationnelles, ces difficultés sont variables tout au long de leur vie et selon l’environnement. Elles sont à mettre en lien avec cette «dyssynchronie sociale», dont nous avons déjà parlé, du «décalage» entre le développement cognitif et le développement social. La curiosité, les connaissances, les centres d’intérêt particuliers et les questions incessantes de ces enfants peuvent en effet déstabiliser ou agacer leur entourage. Ils peuvent alors être exclus de leur groupe de pairs, qui les perçoivent comme «trop intellos», bizarres, car s’exprimant différemment et raisonnant différemment, avec des sujets de conversation trop décalés et parfois non adaptés dans les activités de groupe. Ils peuvent même faire l’objet de moqueries répétées, de mise à l’écart, voir de persécution et de harcèlement scolaire. La question du harcèlement scolaire doit justifier une vigilance particulière envers les enfants HPI. En effet, ce sont généralement des enfants très sensibles qui constituent donc des «proies idéales» pour les harceleurs. Par ailleurs, l’enfant HPI a tendance à être susceptible, à prendre tout «au pied de la lettre». Ainsi, l’enfant HPI vivra ses relations amicales avec beaucoup d’intensité, ses émotions étant décuplées. Il est vite fâché et vexé. Il est souvent très attaché à la valeur des mots. Ainsi, quand un de ses camarades lui dit «t’es plus mon copain», il a tendance à penser que c’est définitif et vivra donc de façon très douloureuse cette remarque pourtant anodine et récurrente dans les cours d’école. De la même façon, si un de ses camarades lui dit «tu es mon meilleur copain», il ne comprendra pas pourquoi ce dernier ne reste pas toujours avec lui, pourquoi certaines fois il ne veut pas jouer avec lui et préfère partager un jeu avec un autre camarade. Les enfants HPI ont tendance à développer des relations amicales exclusives qui peuvent «étouffer» certains de leurs camarades et générer du rejet de leur part. Ils ont également tendance, comme on l’a déjà évoqué, à rechercher des amis plus âgés qu’eux, avec qui ils pourront établir un dialogue «plus enrichissant». Les difficultés relationnelles avec les pairs sont plus fréquentes en milieu scolaire que dans les loisirs et les activités parascolaires, dans lesquelles les enfants HPI sont généralement bien intégrés et plus à l’aise, peut-être du fait de l’absence de cette «pression scolaire» et du partage d’une passion commune (sport, loisirs...). À l’adolescence, ce décalage peut s’accroître et l’enfant HPI risque alors de ne plus se reconnaître dans les goûts et les codes sociaux des ados de son âge. Il peut n’accorder par exemple aucune importance à l’aspect physique et à la mode, préoccupations qu’il trouve beaucoup trop superficielles. Il peut ainsi se retrouver isolé et sombrer dans un certain désarroi, ne sachant plus où se situer, entre les préoccupations «bizarres» de ses pairs et la volonté malgré tout de se démarquer de ses parents.